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Hubert Marceau, Chimiste, B. Sc.

Le bois d’agar produit une huile avec un profil d’odeur très spécifique. Il est rare de rencontrer deux huiles avec exactement la même odeur: parfois, elle a des odeurs de cuirs, d’autre fois elle est un peu fumée, et certaines sont un peu fruitées et même parfois fromagées. La raison pour cela provient du mode de production de l’huile d’agar. Le bois d’agar n’est pas vraiment tiré d’une plante, mais plutôt issu d’une interaction complexe entre un champignon et une plante. Lorsqu’un arbre des genres Aquilaria sp. et Gyrinop sp, des espèces de Thymélacées natives du sud-est asiatique, est blessé, il va parfois produire du bois d’agar, qui est un bois foncé et huileux très odorant. Le processus de formation de ce bois n’est pas très bien compris présentement et est très long. Cela rend la culture difficile et le matériel difficile à trouver. Ces facteurs créent aussi un dilemme relatif à la gestion et la conservation de la ressource, mais cela n’est pas le sujet du billet actuel. Cette rareté a aussi un autre effet sur l’huile: un très haut prix. Présentement, l’huile de bois d’agar est probablement une des plus onéreuses sur le marché, pouvant atteindre jusqu’à 400 $US par millilitre. Cette huile est très en demande dans le monde de la parfumerie et pour les cérémonies religieuse du Moyen-Orient et de l’Asie.

Tel que mentionné précédemment, l’huile de bois d’agar est très variable en raise de la variété d’hôtes et de pathogènes potentiels. Par contre, ces huiles sont presque toutes caractérisées par la présence de β-agarofurane, d’agarospirol et de dérivés de ces derniers (figure 1). Une autre caractéristique de l’huile essentielle de bois d’agar est la présence d’une chromone, la flindersiachromone, qui n’est pas contre pas toujours suffisamment concentré pour être détecté. Il existe dans le bois plusieurs autres chromones de la même famille, mais elles sont trop lourdes et oxygénées pour se retrouver dans l’huile essentielle. Une autre caractéristique de cette huile est le manque de connaissances à son sujet. Sa rareté, son coût et une multitude d’autres facteurs font que l’étude de cette huile dans une perspective purement scientifique est extrêmement difficile. Par conséquent, il existe beaucoup de composés inconnus. Il n’est pas surprenant d’atteindre seulement 30% de composés identifiés dans un échantillon.


Figure 1. Composés signature de l’huile de bois d’agar

Nous pourrions nous étendre longuement au sujet de la chimie du bois d’agar. Néanmoins, le but de ce billet est de vous montrer quelque chose d’autre. Comme certains auront pu le deviner, une huile rare, mal caractérisée et très chère est une excellent cible pour l’adultération. Voici un exemple qui nous a été envoyé récemment et qui est très intéressant. Cet échantillon a été acheté à prix fort dans une boutique de Dubaï. L’acheteur suspectait que quelque chose n’allait pas avec son huile. Il nous a permis de partager les résultats de l’analyse avec vous. Voici donc le chromatogramme de l’analyse:

Bon, un simple chromatogramme sans annotation ne veut pas dire grand chose, sauf si vous avez déjà vu des chromatogramme de bois d’agar. Laissez-moi mettre en évidence quelques pics importants, vous allez vite comprendre pourquoi.

Commençons avec le pic #1, ou plutôt le groupe étiqueté #1 puisqu’il s’agit d’une série de 5 pics, qui compte pour 5,37% de l’huile. Malheureusement, il s’agit de dipropylène glycol (présent comme de multiples isomères), un solvant utilisé en parfumerie. Cette huile débute mal, ayant été diluée avec un solvant.

Le pic #2 fait à peu près 1,79% du signal total. Il s’agit de phtalate de diéthyle, un autre solvant. Encore une mauvaise nouvelle.

Le pic #3, à 25,11%, est du citrate de triéthyle. Celui ci est un peu moins commun, mais il s’agit d’un solvant de parfumerie.

La série de pics étiquetés #4 sont des acides gras. Ces derniers sont naturels, mais leur présence peut indiquer l’addition d’huile végétale comme agent de dilution (il est incertain si l’huile de bois d’agar devrait contenir ces composé ou non). Dans ce cas, ces pics représentent 5,89% de l’huile. Par contre, si de l’huile végétale a effectivement été ajoutée, une grosse partie de cette dernière n’est pas détectée car elle n’est pas très volatile. Le pourcentage pourrait donc être plus important que ce que nous croyons.

Le dernier pic, #5, est du phtalate de dioctyle à 9,32%, un autre solvant.

Si nous additionnons tous ces pics, nous obtenons 47,48%, presque la moitié du signal total, et il y a des chances qu’il y ait une partie non-volatile qui échappe à la détection. Le reste est de l’huile de bois d’agar. Il s’agit ici d’un taux de dilution relativement élevé pour une huile très chère. Ce qui frappe dans cette analyse, c’est la diversité des solvants utilisés, ce qui nous amène à l’hypothèse que cette huile a passé entre plusieurs mains. À chaque fois, l’huile était diluée un peu plus avec le solvant de prédilection du revendeur. C’est très intéressant.

Soyez assurés que nous ne croyons pas que toutes les huiles de bois d’agar sur le marché sont adultérées, loin de là, mais parfois le prix n’est pas un indicatif absolu de qualité et une bonne vigilance reste nécessaire. Éventuellement, nous vous présenterons un second articles sur la chimie de cette huile qui est unique en soi.

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