Laurie Caron, Chimiste, M.Sc. – Capsule végétale
Nom latin : Clintonia borealis(Ait) Raf.
Noms communs : Clintonie boréale, poison à couleuvre, bluebead-lily.
Il est possible de retrouver dans le sous-bois de la forêt boréale québécoise cette plante très commune. La Clintonia borealis est une herbacée vivace de la famille des liliacées. Elle s’identifie normalement assez facilement de par ses petits fruits bleu situés sur une longue hampe florale , puis par ses feuilles basilaires qu’on retrouve au nombre de deux à cinq en général1.

Quelques études scientifiques ont été menées sur cette plante afin de connaître son potentiel biologique. L’extraction éthanolique des feuilles de la C. borealis est réputée posséder des propriétés antifongiques importantes contre Microsporum gypseum2 et Trichophyton mentagrophytes2 et antimicrobienne contre Staphylococcus aureus3 et Candida albicans3. Les racines, tout comme les feuilles, ont également été rapportées dans la littérature pour détenir des propriétés antifongiques2. D’autres recherches pour leur part, se sont penchées sur le potentiel antioxydant des baies de la clintonie boréale. Ces études ont montré par contre un faible potentiel antioxydant lors d’essais en laboratoire par « Antioxydant DPPH test » démontrant une IC50 = 162.50 ±10.76 μg/mL4. Afin d’obtenir une activité antioxydante élevée lors de ce test, il aurait fallu obtenir des données de IC50 en dessous de 50 g/mL. C. borealis a également été rapportée dans la littérature comme aidant à la parturition (l’action de mettre bas chez les mammifères) ainsi que pour le traitement des blessures et infections5, puis identifiée comme un répulsif à insecte5.
Une décoction des baies de la clintonie (extraction des composés actifs dans l’eau bouillante (même principe qu’un thé ou une tisane)) était, semble-t-il autrefois, utilisée par les Iroquois pour traiter le diabète4 (Figure 3) . Pourtant, dans le folklore populaire québécois, ces fruits sont considérés comme étant toxiques et ne sont donc pas ingérés. Pour le moment, aucune étude n’a été répertoriée sur les possibles propriétés toxiques des fruits de la Clintonie Boréale. La consommation de ceux-ci est donc déconseillée et est à vos risques et périls ! Par contre, les jeunes feuilles de cette plante sont réputées être bonnes à la consommation.
D’un point de vue chimique, la clintonie boréale contient divers phytostérols tels que le campostérol, le stigmastérol et le β-sitostérol , des chalcones8 ainsi que des triterpènes tels que l’α-amyrin, la β-amyrin et le taraxastérol9. De plus, la clintonie a déjà été considérée antérieurement comme une source potentielle de diosgénines10. Plus récemment, de nouveaux glycosides stéroïdiens11 et spirostanoliques12 ont été découverts dans deux autres espèces très proche : Clintonia udensis Trautv. et C.A. Mey.
Comme de nombreuses plantes de la forêt boréale, la Clintonia borealis est l’une de celles qui est encore très peu étudiée scientifiquement pour son potentiel biologique. Il reste donc encore beaucoup de découvertes à effectuer à son sujet !
Références
(1) Marie-Victorin. Flore Laurentienne, 3e ed.; Gaëtan Morin éditeur: Montréal, 2002.
(2) Fulcher, R. G.; Borchardt, J. R.; Wyse, D. L.; Sheaffer, C. C.; Kauppi, K. L.; Ehlke, N. J.; Biesboer, D. D.; Bey, R. F. Antimicrobial Activity of Native and Naturalized Plants of Minnesota and Wisconsin. J. Med. Plants Res. 2008, 2 (5), 98–110.
(3) Jones, N. P.; Arnason, J. T.; Abou-zaid, M.; Akpagana, K.; Sanchez-vindas, P.; Smith, M. L.; Nation, G. R. F.; Marie, S. S.; Canada, P. A. Z. Antifungal Activity of Extracts from Medicinal Plants Used by First Nations Peoples of Eastern Canada. J. Ethnopharmacol. 2000, 73, 191–198.
(4) Atha, D. E.; Ma, J.; Nee, M. H.; Kennelly, E. J. Antioxidant Capacities of Ten Edible North. Phyther. Res. 2002, 16 (June 2001), 63–65.
(5) University of Michigan – Dearborn. Native American Ethnobotany.
(6) Barker, M. Newer Cosmetic Ingredients – New Patch Testing Problems? Am. J. Contact Dermat. 1998, 9 (2), 130–135.
(7) Ohnogi, H.; Sugiyama, K.; Muraki, N.; Sagawa, H.; Kato, I. Remedies. EP1563841 A1, 2005.
(8) Ohnogi, H.; Sugiyama, K.; Muraki, N.; Enoki, T.; Sagawa, H.; Kato, I. Chalcone Compound. US7361774 B2, 2008.
(9) Hooper, S. N.; Chandler, F. Herbal Remedies of the Maritime Indians: Phytosterols and Triterpenes of 67 Plants. J. Ethnopharmacol. 1984, 10, 181–194.
(10) Marker, R. E. Sterols. CXLVI. Sapogenins. LX. Some New Sources of Diosgenin. J. Am. Chem. Soc. 1942, 64 (6), 1283–1285.
(11) Matsuo, Y.; Watanabe, K.; Mimaki, Y. New Steroidal Glycosides from Rhizomes of Clintonia Udensis. Biosci. Biotechnol. Biochem. 2008, 72 (7), 1714–1721.
(12) Mimaki, Y.; Watanabe, K. Clintoniosides A - C, New Polyhydroxylated Spirostanol Glycosides from the Rhizomes of Clintonia Udensis. Helv. Chim. Acta 2008, 91 (11), 2097–2106.